Ortus

Alors que la lune s'emmitoufle sous les épaisses brumes de l'horizon, la nappe bleutée de l'océan s'éloigne. Une langue de sable humide jaillit lentement des flots. Le passage.

A l'autre extrémité de la jetée, on devine une ombre solitaire et taciturne, un sombre rocher balayé par une houle de fiel... Saïmiri, mon petit écureuil, que fais-tu là ? Une coiffe à clochettes enfilée sur la tête, te voilà parcourant la voie sablonneuse, jusqu'à ce que tes pieds foulent cette terre de sels... Cet étrange havre de poussières...

Des pins décharnés t'accueillent sous leur voûte obtue, puis tu découvres un étroit sentier bordé de lagures dansantes. Maintenant parvenu au bout de ta course, tu te trouves face à un banc de pierre, culminant au sommet de l'îlot. Tu sembles lui préférer la cavité de ce vieux charme, pour l'abri qu'il te procure face aux embruns.

Soudainement ta curiosité s'anime, ton regard s'intensifie à la vue de cet herbier loti entre les noueuses racines de l'arbre. De tes doigts émerveillés tu le libères patiemment de sa gangue végétale, et, quelques instants plus tard, la reliure élimée du volume grince entre tes mains. Dis nous, Saïmiri, qu'y vois-tu ?